ViGEST - Le travail émotionnel des professionnel·le·s face aux violences sexuelles

La prise en charge des victimes de violences sexuelles représente un des enjeux majeurs des politiques sociales actuelles en Suisse. Deux réponses principales sont mises en place : le constat d’agression sexuelle (CAS), comme réponse médico-juridique et les structures d’aide aux victimes pour soutenir ces dernières dans leurs démarches et les aiguiller sur les prestations auxquelles elles peuvent avoir accès. Ces réponses institutionnelles demandent une mise en réseau d’acteur·trices afin de garantir un dispositif d’intervention hybride destiné à prendre en charge les victimes au niveau médical et psychosocial et à les accompagner au cours des démarches judiciaires. Les métiers en première ligne dans la prise en charge des violences sont ainsi les professionnel·les de la santé et du social, qui fournissent à la fois une aide concrète et un travail émotionnel exercé dans le cadre de l’accompagnement. Si des dispositifs de prise en charge ont été mis en place et des protocoles rédigés, la charge émotionnelle que ces histoires véhiculent est peu étudiée.

À travers une enquête de terrain auprès d’un service multidisciplinaire récemment mis en place aux Hôpitaux universitaires Genève dans le cadre des CAS, au sein d’un Centre LAVI spécialisé dans la prise en charge des victimes de violences et d’un Centre de santé sexuelle, ce projet étudie les dimensions relatives au travail émotionnel requis pour encadrer, orienter et accompagner les victimes. Cette recherche vise ainsi à retranscrire les compétences polyvalentes requises par les professionnel·les de la santé et du social pour accompagner les victimes de violences sexuelles et à mettre en exergue la nature et l’utilité du travail émotionnel engagé lors de ces prises en charges. En effet, nous faisons l’hypothèse que le travail émotionnel constitue un outil essentiel pour accompagner les violences sexuelles mais qu’il est invisible et invisibilisé.

Pour répondre à ces objectifs, cette recherche se fonde sur une approche qualitative qui s’appuie sur une trentaine d’entretiens compréhensifs avec les professionnel·les de la santé et du social en charge de l’accompagnement des victimes (infirmier·ères, gynécologues, médecins légistes, chef·fes de clinique, psychologues, intervenant·es sociaux·ales, conseiller·ères en santé sexuelle, etc.) et un ensemble de 80 heures d’observations participatives lors des simulations de CAS à Genève et des prises en charge de victimes de violences sexuelles par un Centre LAVI à Fribourg.

Les résultats obtenus contribueront aux discussions académiques sur ce sujet et permettront de mettre en exergue des besoins spécifiques en termes de prévention, de formation et de ressources pour les professionnel·les des domaines.